Intelligence artificielle et égalité professionnelle dans la fonction publique : la CFDT engage le dialogue
Une première réunion du groupe de travail (GT) dédié à l’égalité professionnelle et à l’intelligence artificielle s’est tenue mardi 3 juin 2025, sous la présidence de François Charmont, directeur général adjoint de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).
L’intelligence artificielle (IA), un sujet structurant, pas accessoire
En ouverture de ce groupe de travail, une présentation générale du Conseil national du numérique intitulée «?Qu’est-ce que l’IA?? De quoi parle-t-on ??» a permis de poser les termes du débat, sans toutefois aborder concrètement les travaux engagés par la DGAFP qui devront faire l'objet d’une future réunion.
La CFDT a profité de cette première rencontre pour affirmer clairement sa position : non, les syndicats ne sont pas rétifs à l’intelligence artificielle. Non, la CFDT ne fait pas barrage à l’innovation. Mais elle exige un déploiement régulé, éthique, et centré sur le progrès partagé.
Des enjeux multiples : travail, éthique, égalité, environnement
Les échanges ont permis d’identifier les nombreuses thématiques impactées par les systèmes d’intelligence artificielle (SIA) dans la fonction publique : évolution des métiers, transformation des conditions de travail, sécurité des données, environnement, souveraineté technologique, respect des droits des agents et bien sûr, égalité professionnelle.
Dans sa déclaration, la CFDT a alerté sur les effets de bord d’une transformation numérique insuffisamment régulée. Elle appelle à un accord-cadre sur l’IA publique et à la création d’un registre des outils d’IA dans les instances de dialogue social (CSA, CST, CSE), pour garantir la transparence et permettre un suivi rigoureux des projets.
L’égalité professionnelle : vigilance sur les angles morts du numérique
Sur le versant de l’égalité professionnelle, la CFDT a insisté sur les angles morts de la transformation numérique, en particulier dans la filière numérique. De nombreux travaux montrent que l’introduction de nouveaux outils, lorsqu’elle ignore les usages réels du travail et la sur-représentation des femmes dans les métiers du numérique invisibilisés (annotatrices ou "éleveuses de bot") peut aggraver les inégalités.
L’étude de Camille Girard à la Cour de cassation, évoquée en séance, a illustré ce risque d’invisibilisation des savoir-faire et des métiers genrés. Une vigilance forte est donc attendue dans la conduite des projets IA.
Une démarche à construire dans la durée
La CFDT a salué la tenue de ce groupe de travail, tout en regrettant qu’il n’ait pas été convoqué plus tôt, alors que les projets d’IA se développent depuis de nombreuses années dans les administrations. Elle a rappelé la nécessité d’une stratégie construite collectivement, s’appuyant sur les agents, leurs compétences, et sur un dialogue social sincère.
Elle a également souligné que l’IA n’est pas neutre écologiquement et qu’un équilibre doit être trouvé entre innovations utiles et impact environnemental. Enfin, elle a rappelé que l’attractivité de l’emploi public passe aussi par une politique salariale à la hauteur des enjeux, avec ou sans intelligence artificielle.