Élections professionnelles : la CGT reste première sur les trois versants mais l’écart se réduit avec la CFDT

Publié le 12/12/2018

AEF DÉPÊCHE N°597402 du 11 décembre 2018

Selon les résultats provisoires des élections professionnelles dans la fonction publique en 2018 communiqués ce 11 décembre 2018 par le ministère de l’Action et des Comptes publics, sur l’ensemble des trois versants, la CGT maintient sa première place avec 21,8 % des voix mais perd 1,2 point par rapport à 2014. La CFDT consolide sa deuxième place avec 19 % des suffrages (-0,3 point), suivie de FO (18,1 %, -0,5 point), de l’Unsa (11,2 %, +0,8 point), de la FSU (8,7 %, +0,8 point), de Solidaires (6,3 %, -0,5 point), de la FA-FP (3,5 %), de la CFE-CGC (3,4 %) et de la CFTC (3 %).

Pas de grands bouleversements. Si ce n’est une nouvelle baisse de la participation et la poursuite de certains mouvements observés lors du précédent scrutin de 2014, premier à se dérouler simultanément dans les trois versants.

Selon les résultats provisoires des élections professionnelles pour les 7 021 comités techniques des trois fonctions publiques communiqués ce 11 décembre par Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, "les positions respectives des organisations syndicales sur l’ensemble de la fonction publique ne sont pas modifiées par rapport aux dernières élections professionnelles".

UNE PARTICIPATION EN BERNE

Le seul point saillant reste, à ce stade, le recul de 3 points du taux de participation, à 49,8 % selon les derniers résultats, soit 2,6 millions d’agents votants sur 5,1 millions d’électeurs. En 2014, la participation était de 52,8 %, en baisse déjà de 1,8 point par rapport aux scrutins précédents (1). À noter à cet égard la diminution du nombre d’inscrits de 5,213 millions d’agents en 2014 à 5,127 millions cette année, en raison d’un recul des effectifs, "ce qui tord le cou à l’idée selon laquelle les effectifs de la fonction publique ne cessent de progresser", a commenté Olivier Dussopt.

C’est dans la fonction publique hospitalière que ce taux régresse particulièrement, avec une chute de 6,1 points à 44,1 %, l’État et la territoriale affichant de leur côté une participation de respectivement 50,8 % (- 1,5 point) et 51,7 % (- 3,2 points).

Dans la fonction publique de l’État, sur le seul champ des ministères, hors établissements publics (2), la participation s’élève à 50,6 %. Le ministère de l'Intérieur se distingue avec 81,9 % de participation, suivi par la Transition écologique et solidaire et la Cohésion des territoires (73,6 %), Bercy (73,3 %), les Armées (69,6 %), le Travail (69,1 %), l’Agriculture (63,1 %) et la Justice (63 %). Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche se distingue à l’inverse en arrivant bon dernier avec seulement 30,5 % (lire sur AEF info), soit 12,1 points derrière l’Éducation nationale. Les services du Premier ministre pointent également en pied de tableau avec un modeste 44,5 % de participation.

"Il faudra analyser la participation en détail afin de trouver les moyens de retrouver des niveaux supérieurs", a réagi Olivier Dussopt, estimant, contrairement aux critiques exprimées par plusieurs syndicats, que "le vote électronique n’a pas été un facteur clé". Il en veut pour preuve la place Beauvau et son taux record de 81,9 %, soit un bond de 13,71 points alors que ce ministère a pour la première fois entièrement basculé en vote électronique. Il se dit toutefois prêt à tenir compte des remarques des organisations syndicales. "Nous avons quatre ans pour préparer le prochain scrutin", a-t-il ajouté.

LES SYNDICATS MAINTIENNENT LEURS POSITIONS

Dans ce contexte de baisse de la participation, qui est également à interpréter au regard des scrutins politiques, les organisations syndicales arrivent à maintenir peu ou prou leurs positions respectives, avec une confirmation des évolutions observées en 2014, sur fond de pertes de voix pour la plupart d’entre eux. 

La CGT continue à perdre du terrain, avec un recul de 1,2 point par rapport à 2014 (-78 700 voix) à 21,8 % des voix alors que la CFDT consolide sa position de challenger avec 19 % des suffrages en baisse toutefois de 0,3 point (-47 600 voix) alors qu’elle avait progressé il y a quatre ans (+0,1 point à 19,27 %). FO recule de 0,5 point à 18,1 % (- 51 200 voix) mais conserve sa troisième place avec près de 7 points de plus que l’Unsa.

Cette dernière est en revanche l’une des rares organisations à voir son score progresser avec une hausse de 0,8 point à 11,2 %, tout comme la FSU qui bénéficie de la même augmentation à 8,7 %. Solidaires perd quant à elle 0,5 point à 6,3 %, la FA-FP, la CFE-CGC et la CFTC affichant respectivement 3,5 %, 3,4 % et 2,9 % soit un rapport de force inverse à celui de 2014 pour ces trois dernières (elles totalisaient respectivement 2,93 %, 2,91 % et 3,33 %). 

camenberts dgafp© DGAFP

Dans la fonction publique de l’État, FO conserve sa première place avec 17,1 % (+0,1 point), la FSU restant deuxième mais gagnant 0,7 point à 16,3 %. L’Unsa progresse également avec +1 point à 15,9 %, suivie par la CFDT (- 0,1 point à 13,9 %), la CGT (- 1,4 point à 12,1 %), Solidaires et la CGC totalisant respectivement 7,6 % (- 1,4 point) et 6,1 % des suffrages (+0,7 point).

Dans le versant territorial, la CGT rassemble 28,8 % des voix (0,8 point), devant la CFDT (22,5 %, +0,2 point) et FO (16 %, - 1,7 point). Suivent plus loin l’Unsa qui progresse là encore avec +0,1 point à 8,3 %, la FSU qui suit la même évolution (+0,5 point à 3,8 %), ex-æquo avec Solidaires (+0,2 point), qui passent ainsi devant la CFTC qui reste stable à 3,5 %.

Enfin, dans l’hospitalière, la CGT conserve également son premier rang avec 31,6 % des voix mais perd 0,1 point, alors que la CFDT (24,3 %, - 0,7 point) se fait ravir sa deuxième place par FO qui engrange 1 point à 24,8 %, loin devant Solidaires (8,4 %, - 0,1 point) et l’Unsa (+0,6 point à 5,5 %).

QUELLE REPRÉSENTATIVITÉ ?

S’il est encore trop tôt pour en déduire la représentativité des différentes organisations syndicales pour les quatre ans à venir, les résultats définitifs ne devant être promulgués que le 20 décembre, une fois close la période de recours, et la composition des conseils supérieurs respectifs des trois versants et du Conseil commun de la fonction publique seulement après ("en tout début d’année prochaine", a assuré Olivier Dussopt), l’absence de grand chamboulement autorise d’ores et déjà à en déduire que "les neuf organisations syndicales resteront représentatives", a anticipé Olivier Dussopt, envisageant à ce jour "une évolution restreinte de la répartition des sièges aux conseils supérieurs. 

Mais même de quelques points, l’évolution des scores des plus importantes organisations pourrait changer la donne pour le caractère majoritaire ou non du protocole sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique. À la date butoir de signature, le 30 novembre dernier, les syndicats signataires ne totalisaient que 49,03 % des voix aux élections de 2014 en se basant sur leur représentativité au CCFP (3) (lire sur AEF info), sachant que la CGT, FO et Solidaires (majoritaires avec 50,97 %) ont, contre l’avis du gouvernement, réservé leur décision pour l’après élections professionnelles du 6 décembre.

Or désormais, les organisations signataire totaliseraient, "selon les calculs des accords de Bercy" de 2008, c’est-à-dire selon leur représentativité au CCFP (en ne prenant donc pas en compte les 4 % à 5 % n’y siégeant pas), 51,2 % des voix, a indiqué Olivier Dussopt ajoutant que si le caractère majoritaire de ce protocole "se confirmait", le gouvernement en serait très heureux".

LES PREMIÈRES RÉACTIONS SYNDICALES

D’une manière générale, toutes les organisations s’accordent à souligner l’importance de procéder à un travail approfondi d’analyse de la baisse de la participation, en particulier concernant les contractuels, signale notamment la FSU. 

CGT. "La CGT est confirmée comme première organisation de la Fonction publique. Avec 21,8 % des voix, nous avons près de 3 points d’avance sur le deuxième syndicat (la CFDT). Il est exact que nous reculons (de 1,3 point) mais c’est également le cas des deux autres confédérations arrivées deuxième et troisième", réagit l’UFSE-CGT dans un communiqué. "Il va de soi que nous ne saurions pour autant nous exonérer d’un regard attentif et critique sur les tendances que nous observons", nuance-t-elle toutefois.

CFDT. La CFDT, si elle perd un peu de terrain, se réjouit de conforter "sa place de deuxième organisation représentative" et de réduire "de plus de 35 000 voix l’écart qui la sépare de la CGT et distancie FO de 5 000 voix de plus qu’en 2014". Par ailleurs, "nous perdons moins de terrain que d’autres organisations", commente Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, y voyant "la reconnaissance du travail des militants de proximité" et une "validation des revendications" qu’elle porte. Un signal à prendre en compte par le gouvernement, donc. 

À notre par ailleurs qu’en l’état actuel des résultats, du fait du nombre de voix récoltées lors de ce scrutin, la CFDT peut, après avoir conquis la première place dans le privé en mars 2017, prendre la première place des organisations syndicales en France "tous secteurs confondus" (privé et public réunis), a annoncé la confédération à l’occasion de la publication des résultats, qualifiant cette position, briguée de longue date (lire sur AEF info), d'"historique". 

FO. La FGF-FO salue le maintien de sa "pôle position" à la fonction publique de l’État et estime que par ce vote, les agents "soutiennent un syndicat qui refuse la cogestion, la co-construction des réformes" et "rappellent que le protocole PPCR était une véritable machine à faire des économies en conformité avec les objectifs de diminution de la dette publique". Surtout, le syndicat a atteint son objectif en décrochant la deuxième place dans le versant hospitalier. "Nous tombons exactement sur le schéma que nous visions", réagit son secrétaire général, Christian Grolier, regrettant toutefois le recul accusé dans le versant territorial. Globalement, "nous considérons que notre syndicalisme est bien passé sur le terrain et que la crise de direction traversée par la confédération n’a pas eu d’incidence grâce à l’élection rapide d’un nouveau secrétaire général", analyse-t-il. 

Unsa. L’Unsa, qui est "l’une des quatre organisations syndicales représentatives dans les trois versants (État, territoriale, hospitalière)" est "la seule organisation à progresser dans chacun d’eux", souligne le syndicat (qui devrait gagner un siège au CSFPE), a fortiori dans un contexte de recul de la participation, souligne son secrétaire général, Luc Farré. 

FSU. "Si les résultats ne sont pas définitifs, la FSU peut déjà se féliciter de sa progression en nombre de voix à l’État comme à la territoriale confortant ainsi sa représentativité", indique-t-elle dans un communiqué. Pour sa secrétaire générale, Bernadette Groison, ces résultats dénotent "l’attachement des agents aux instances paritaires" et sont à cet égard à interpréter comme "une réponse" au projet du gouvernement de les réformer.

Solidaires. Solidaires met pour sa part sa "stabilité" en avant ainsi que "ses nouvelles implantations", mais souligne aussi les difficultés afférentes au vote électronique. À noter que le syndicat reste premier au ministère de l’Action et des Comptes publics et à la DGFIP (il totalise 29,6 % des suffrages à Bercy, selon les résultats provisoires).

(1) Moyenne des scrutins réalisés dans les trois versants respectivement en 2008, 2010 et 2011.

(2) CDC, CCM, Cese, Conseil d’État, Cour des comptes, Monnaie de Paris, Institut de France et Académies, La Poste, Grande chancellerie de la Légion d’honneur, Orange et Pôle Emploi.

(3) Les six syndicats signataires – CFDT (20,25 %), Unsa (10,90 %), FSU (8,31 %), CFTC (3,50 %), CGC (3,05 %) et FA-FP (3,02 %) – totalisent un poids relatif de 49,03 % au sein du Conseil commun de la fonction publique pour l’appréciation de la validité des accords collectifs. La CGT (24,25 %), FO (19,53 %) et Solidaires (7,19 %) sont majoritaires avec 50,97 %.