Frédéric Sève : « Nous n'avons pas besoin d'un nouvel âge de la retraite »

Publié le 22/01/2019

Solveig Godeluck les Echos.fr Le 21/01 à 18:40Mis à jour le 22/01 à 09:34

La CFDT n'est pas opposée à une pension plus élevée pour ceux qui partent plus tard à la retraite, pour des raisons d'équité. Mais elle ne veut pas d'une nouvelle borne d'âge en plus de l'âge minimum.

Le Haut-Commissariat à la réforme des retraites propose des « coefficients majorants » pour retarder les départs à la retraite au-delà de 62 ans. Est-ce une bonne idée ?

Il y a deux questions. La première consiste à se dire que, pour des raisons d'équité, il faut que ceux qui partent plus tard aient une pension plus élevée. Cela peut s'entendre au sens où ils « profiteront » de leur retraite moins longtemps. Mais à la CFDT, on préfère le justifier par la durée d'activité que par l'espérance de vie. L'autre question est de reconstruire ou pas dans le futur système un repère équivalent au taux plein, qui sert de référence pour les individus. Je ne suis pas convaincu que nous ayons besoin d'un nouvel âge normatif. L'âge légal suffit.

Faut-il définir des âges de référence différents pour les assurés à faible revenu dont la carrière est plate, et pour les assurés à revenus élevés dont la carrière est ascendante, comme le suggère le gouvernement ?

S'il y a une piste intéressante à suivre, c'est celle de personnaliser la retraite, pour tenir compte, par exemple, de la pénibilité du travail, de la longueur de la carrière, du handicap. Le système de retraite est traditionnellement très normatif en matière d'âge, pour des raisons d'équilibre financier. Mais il faut donner aux assurés les moyens d'avoir de vraies marges de choix individuels.

La retraite progressive est aussi une piste intéressante. Différencier les profils de carrières ou les niveaux de richesse peut être intéressant à examiner : les capacités de choix ne sont pas les mêmes quand on a une retraite confortable et quand on a une retraite proche du SMIC, voire inférieure. Je trouverais bien que le futur système se donne aussi comme mission de mieux concilier choix individuel et choix collectif.

 Le haut commissariat reprend le terme de « coefficient majorant » de l'accord que vous avez signé à l'Agirc-Arrco. Pour que vous ne puissiez pas dire « non » ?

Je ne me sens pas piégé parce que les mécanismes sont différents. Dans le cadre de l'accord, la CFDT va d'ailleurs demander que l'on rediscute de la valeur des paramètres, notamment les coefficients de solidarité , mais aussi de la valeur du point. La situation financière s'améliore plus vite que prévu, les salariés et les retraités doivent en sentir les effets.

Solveig Godeluck