Fonction publique : les syndicats restent sur leurs gardes malgré les gestes de l'exécutif

Publié le 03/04/2018

Les ministres Gérald Darmanin et Olivier Dussopt ont rencontré ce jeudi les syndicats de fonctionnaires pour lancer la concertation sur le « big bang » de la fonction publique qu'ils appellent de leurs vœux.

La réunion aurait dû se tenir en début de semaine dernière. Mais les sept syndicats de fonctionnaires qui appelaient à la mobilisation le 22 mars avaient signifié qu'ils y verraient une provocation. C'est donc ce jeudi que le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, ont lancé la concertation avec les représentants des agents de l'Etat, des collectivités locales et des hôpitaux sur le « big bang » annoncé le 1er février dernier.

Le délai imposé a été mis à profit par le gouvernement pour envoyer des signes d'apaisement. Outre un avancement du calendrier salarial, Gérald Darmanin a ainsi évoqué à plusieurs reprises la volonté du gouvernement de revaloriser les fonctionnaires « les plus mal payés » . Jeudi matin, sur France Inter, il a encore évoqué le sujet, citant les mesures déjà prises pour les agents de l'administration pénitentiaire après leur grève ainsi que les infirmières - mais étonnamment pas les aides-soignantes, sujet cher notamment à la CFDT - ou encore les ouvriers de l'Etat sur lesquels la CGT a saisi Bercy de nombreuses fois.

Le calendrier reste à affiner

Si la démarche qui consiste à accorder ainsi des avantages catégoriels pourrait contribuer à éviter que des foyers de contestation ne s'embrasent, elle n'en est pas moins jugée insuffisante par les syndicats. « Dans notre esprit, de telles mesures ne peuvent pas et ne doivent pas se substituer à une mesure générale », insiste Mylène Jacquot, la secrétaire générale de l'Union des fonctionnaires de la CFDT.

Pour alléger l'atmosphère, le document d'orientation envoyé aux syndicats le 6 mars a été modifié... Et va encore l'être. Une troisième et ultime version doit leur être adressée ce vendredi soir, affinant le calendrier. « A la demande de plusieurs syndicats, compte tenu des élections professionnelles du 6 décembre, il y aura une suspension de quelques semaines, puis la concertation reprendra sur le contenu concret du projet de loi qui sera finalisé au premier semestre de 2019 », précise l'entourage de Gérald Darmanin.

Pas de quoi rassurer sur le fond les fédérations de fonctionnaires, même si du côté de l'Unsa il est « important » qu'il ait été réaffirmé qu'on ne touchera pas au statut. Il ne s'agit que d'évolutions « cosmétiques » pour Jean-Marc Canon de la CGT-Fonctions publiques. Mais pour l'heure, personne n'est décidé à faire la politique de la chaise vide.

Une centaine de rendez-vous

Le programme des concertations qui démarreront le 9 avril sur les instances de dialogue social, s'annonce chargé d'ici à l'automne. Entre les « multilatérales de lancement des différents chantiers, les réunions techniques et les bilatérales politiques, une centaine de rendez-vous seront organisés », souligne-t-on à Bercy.

Du côté gouvernemental, l'objectif est clairement de montrer l'effort de concertation. Avec pour modèle ce qu'« a fait Muriel Pénicaud sur la réforme du Code du travail », a expliqué le ministre des Comptes publics jeudi matin. Pas sûr que la référence ravisse les syndicats... « La qualité d'une concertation ne dépend pas seulement du nombre de réunions », a averti Mylène Jacquot.

Aucune nouvelle mobilisation

Mais alors que la grève des cheminots démarre mardi, aucune nouvelle mobilisation n'a encore été décidée chez les fonctionnaires. Cela ne veut cependant pas dire qu'il n'y aura pas de poussée de fièvre. Une nouvelle réunion est prévue le 3 avril à laquelle participeront les sept syndicats qui avaient appelé à la journée du 22 mars, mais aussi au moins la CFDT.

L'annonce par la confédération CGT d'une mobilisation le 19 avril vient compliquer le dialogue intersyndical, mais pas forcément le bloquer. Comme pour le rappeler, ce jeudi matin, toutes les fédérations de fonctionnaires ont claqué la porte d'une réunion sur la réforme des règles concernant les accidents du travail et les maladies professionnelles dans la fonction publique.

29 mars par Leïla de Comarmond Les Echos