"Gilets jaunes” : quel impact sur la participation aux élections professionnelles ?

Publié le 04/12/2018

Les représentants du personnel se demandent si le mouvement des “gilets jaunes” influencera à la baisse ou à la hausse le taux de participation aux élections professionnelles de la fonction publique prévues jeudi 6 décembre.

Acteurs publics - 3 décembre 2018 

Le mouvement de contestation sociale dit des gilets jaunes aura-t-il un impact sur les élections professionnelles de la fonction publique du 6 décembre, et en premier lieu sur le taux de participation à ce scrutin ? Alors que le vote électronique bat son plein dans les administrations qui ont décidé d’y recourir, les représentants du personnel sont pour l’heure bien en peine de faire des pronostics.

Quand la représentante de la CFE-CGC, Nathalie Makarski, n’imagine pas que ce mouvement “puisse avoir un impact significatif” sur les élections professionnelles, la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison, se déclare pour sa part “incapable de dire” si la participation en sera impactée à la hausse ou à la baisse.

“La situation est pour le moins délicate, juge un leader syndical. Il y a bien sûr des agents publics dans les rangs des « gilets jaunes », mais nous sommes pour l’heure incapables de savoir si ce mouvement modifiera la perception qu’ont les agents publics des élections professionnelles.”

S’exprimer ou boycotter

Plusieurs hypothèses sont néanmoins émises par les organisations syndicales du secteur public. Soit les agents publics, solidaires du mouvement des “gilets jaunes”, décident de profiter des élections professionnelles pour exprimer leur mécontentement et donc de voter en masse. Soit ils décident de boycotter leurs instances représentatives et les organisations syndicales, et donc de s’abstenir.

Comme l’explique Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne, “dans ce dernier cas, on rejoint l’esprit du mouvement des « gilets jaunes » : un mouvement dispersé qui s’est développé en dehors de toute logique syndicale”. Et parfois même, donc, en opposition aux structures syndicales qui, selon certains agents publics, seraient de plus en plus incapables de peser réellement sur les politiques gouvernementales. Pour l’universitaire, ce mécontentement est particulièrement “palpable chez les gendarmes et les policiers”. Les scores devront donc être observés avec attention aux ministères de l’Intérieur et des Armées.

“Une participation plus forte serait un bon signal, puisque cela montrera que les agents publics souhaitent exprimer leur mécontentement dans le cadre des mouvements organisés et plus productifs que sont les organisations syndicales”, explique de son côté Mylène Jacquot, de la CFDT. Reste qu’in fine, l’impact réel du mouvement des “gilets jaunes” sur la participation aux élections professionnelles sera difficile à démontrer. Comme pour chaque élection professionnelle en effet, les causes de l’abstention peuvent être multiples : problèmes matériels, manque de communication sur le scrutin, défiance vis-à-vis des instances de dialogue social ou même des organisations syndicales.

Bastien Scordia