L’extrême droite : faible avec les forts, forte avec les faibles

Publié le 12/04/2022

Notre engagement consiste à défendre tous les travailleurs, toutes les travailleuses, sans discrimination, sans distinction. 

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, il nous semble indispensable de ne pas se tromper d’ennemi : le 24 avril, le seul moyen de s’opposer à l’extrême-droite, c’est le bulletin Macron.

Les candidats extrémistes ou populistes qui accèdent au pouvoir n’ont que rarement préservé́ les fondements démocratiques de leur pays (Poutine, Orban, Bolsonaro, Trump...).  On peut en déduire, sans procès d’intention, que pour eux, l’État de droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la liberté́ d’expression en général et la liberté́ de la presse en particulier, ou encore la liberté́ syndicale, ne sont pas considérés comme essentiels. Or, tous ces principes et ces droits sont consubstantiels d’une démocratie. Ainsi, sur la protection des lanceurs d’alerte, le Rassemblement national s’est prononcé contre une protection renforcée. Le Rassemblement national s’est également opposé à l’idée de promouvoir la vérification des faits par des « organisations tierces certifiées »et de faire sanctionner par la Commission européenne les Etats qui enfreignent la liberté et le pluralisme des médias. Facile, ensuite, de crier au loup sur le recours aux cabinets de consultants !

Grand pourfendeur du dumping social, le Rassemblement national s’est pourtant opposé à la plupart des initiatives visant à le combattre. Ses élus se sont abstenus lors du vote au Parlement européen sur la révision de la directive sur le travail détaché promue par Emmanuel Macron, jugée insuffisante pour combattre un problème plus profond. Ils ont également rejeté le socle européen des droits sociaux, qui encourage une harmonisation des règles du travail et de la protection sociale à travers le continent.

Le sujet obsessionnel de l’extrême droite fait de l’immigration l’origine de tous les maux de notre pays, et fait un amalgame permanent entre immigration et sécurité́, un lien de cause à effet entre immigration et chômage, immigration et obscurantisme religieux. Aucune étude sérieuse ne valide ces liens. 

La préférence nationale est le cœur idéologique du Rassemblement national, quel que soit le contexte économique et politique. Concrètement, il s’agit de l’attribution préférentielle aux Français des emplois, logements sociaux et allocations familiales. Elle est contraire à la Constitution, mais aussi à nos valeurs de syndicalistes. Notre engagement consiste à défendre tous les travailleurs, toutes les travailleuses, sans discrimination, sans distinction.

S’il est un sujet où l’extrême droite affiche voire revendique une doctrine réactionnaire, c’est bien celui des droits des femmes. Il suffit de regarder les votes des députés RN au Parlement européens pour avoir la preuve que rien n’a vraiment changé́ au sein d’un parti qui continue de considérer que, au fond, la place des femmes est au foyer. Pour expliquer leurs votes négatifs sur un meilleur accès à l’avortement et à la contraception, par exemple, les élus RN invoquent une supposée « idéologie de genre », destructrice pour la famille traditionnelle, qui contaminerait les travées du Parlement européen !

L’extrême droite d’aujourd’hui ne recourt pas seulement à des mensonges historiques. Elle excelle aussi à maquiller ses obsessions avec les mots et les sujets d’actualité. C’était le cas dans les années 80 avec le slogan « 3 millions de chômeurs, c’est 3 millions d’immigrés en trop », jouant sur la peur du chômage pour s’abstenir de toute justification et de toute logique. La préférence nationale est le cœur idéologique du Front national, devenu Rassemblement national, quel que soit son dirigeant, quel que soit le contexte économique et politique. Concrètement, il s’agit de l’attribution préférentielle aux Français des emplois, logements sociaux et allocations familiales. Autrement dit, c’est l’application d’un principe de discrimination au sein de la population vivant sur le territoire national en fonction de son origine. La préférence nationale est contraire à l’article 1er de la Constitution, mais aussi à nos valeurs de syndicalistes, nous qui représentons des collectifs de travailleurs, solidaires quelle que soit leur origine, dans l’entreprise ou l’administration.

La CFDT pense qu’aucune société ne prospère durablement en laissant de côté une partie de la population. L’égalité d’accès à l’éducation, à la culture, à la santé est créatrice de richesses et contribue au progrès social pour chacun et pour tous.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, il nous semble indispensable de ne pas se tromper d’ennemi : le 24 avril, le seul moyen de s’opposer à l’extrême-droite, c’est le bulletin Macron.

Cet appel ne vaut ni approbation du bilan du président sortant ni adhésion à son programme.